Regard sur les bureaux de production
Quel rôle pour les bureaux de production
dans le domaine du spectacle vivant en Europe ?
Rencontres européennes
Lille, juin 2010
« Souvent portés par l'engagement passionné et le désir d’œuvrer
aux côtés des artistes pour accompagner l'éclosion de leur talent, les
bureaux de production sont apparus alors que le processus de création
et les conditions de production dans le spectacle vivant connaissait de
profonds changements […] Au fil des années, le bouclage des productions et des tournées est devenu de plus en plus acrobatique. »
A la pression financière s'ajoute la complexification
administrative et juridique. « Dès lors, la qualité de l'accompagnement des artistes
s'avère cruciale pour la production et la diffusion des œuvres dans le
contexte actuel […] Or l'ampleur des variations d'activités d'une année
sur l'autre, les économies tendues et les moyens réduits ont entaillé
le modèle qui alliait une compagnie et un administrateur salarié en
charge d'orchestrer le quotidien. »
[…] Le développement des bureaux de production se situe à
la croisée de mutations socioéconomiques, politiques et artistiques.
[…] Au regard de ces évolutions, un bureau indépendant propose une alternative aux modèles existants » (compagnie, institutions, cellules de production, collectifs...)
Christophe Huysman : « La créativité s'exerce aussi dans les modes de production ».
L'accompagnement « suppose d'affiner l'intention, de
penser la faisabilité en amont par l'examen raisonné des contraintes
économiques et les demandes artistiques, de définir des stratégies
financières et partenariales, d’orchestrer les relations entre toutes
les parties. »
On constate une grande diversité de structures, avec
souvent une nécessaire diversification pour assurer l'équilibre
économique. « Cette diversité entame d'ailleurs la terminologie
générique « bureaux de production » et mériterait peut-être
plutôt l'appellation « bureaux ou maisons d’artistes » »
Dans une économie du spectacle vivant qui « nourrit
la multiplication des projets pour compenser les aléas quant à leur
réception et leur valorisation sociale et financière »,
« l'enjeu majeur des bureaux de production semble être de remplir,
au moins partiellement, un rôle d'articulation et d'intermédiation
particulièrement délicat entre l'amont et l'aval de la filière »
(Philippe Henry). Dans cette économie de prototypes, les difficultés
sont notables : « nombre de bureaux apparaissent
structurellement précaires, ce qui compromet leur pérennité à long
terme et les oblige à inventer des solutions pour pallier à cette
fragilité. Si la diversification des activités tempère la
vulnérabilité, elle ne peut toutefois qu'être limitée sous peine de
disperser les forces vives et de peser sur l'efficacité de la structure
dans son cœur de métier ».
Les bureaux s'inscrivent en complémentarité
avec les systèmes publics. Ils « tracent un trait d'union entre
différents professionnels et participent à la dynamique d'ensemble, […]
dégagent des externalités positives pour le secteur, […] consolident
certainement la fiabilité des projets et leur bon déroulement ».
L'intervention publique pourrait venir consolider ces externalités positives,
par exemple à travers la consolidation des postes de direction.
« En tant que lieux de professionnalisation et d'apprentissage, de
conseil et de réflexion sur l'accompagnement de projet, voire de
pédagogie et de responsabilisation pour les artistes quant à leur
développement de carrière ou leur implantation territoriale, les
bureaux contribuent à l'économie générale de la filière. Des
subventions pourraient leur être dévolues pour mener à bien ces
missions, au titre d'une délégation de service public sur leurs
activités non commerciales. »
Extraits de la synthèse réalisée par Gwenola David pour Le Cahier de l'ONDA et téléchargeable ici
|